La méthode ‘ikejime’ s’invite dans les cuisines françaises

par Claire Benoît

L’ikejime, méthode japonaise ancestrale d’abattage des poissons, fait son entrée remarquée dans l’hexagone. Cette technique, qui garantit une qualité exceptionnelle du poisson, séduit de plus en plus de pêcheurs et de chefs français.

L’origine de l’ikejime en France

L’introduction de l’ikejime en France remonte au début des années 2010, lorsque des chefs passionnés par la cuisine japonaise traditionnelle ont commencé à s’intéresser à cette méthode d’abattage venue du Japon. C’est en 2019 que la technique prend véritablement son essor avec la création d’un guide de bonnes pratiques par le Comité des Pêches du Morbihan. L’année suivante, le FROM Sud-Ouest anime un comité de pilotage national qui pose les bases d’une filière structurée.

En 2022, une étape cruciale est franchie avec la création d’une association dédiée à l’encadrement de la pratique et à la commercialisation du poisson ikejime sur le territoire français. Cette organisation établit un cahier des charges rigoureux et met en place un système de traçabilité complet, de la pêche à l’assiette.

Une technique qui révolutionne la filière pêche

L’adoption de l’ikejime en France transforme progressivement les pratiques de pêche traditionnelles. Cette méthode apporte une réponse concrète aux enjeux de qualité et de durabilité qui préoccupent la filière. Les pêcheurs équipés de viviers maintiennent désormais les poissons vivants jusqu’à leur préparation, garantissant ainsi une fraîcheur optimale.

La technique s’est particulièrement développée en Bretagne, où les ports se sont adaptés pour accueillir cette nouvelle pratique. Les recettes de poisson traditionnelles bénéficient directement de cette évolution, offrant des saveurs plus intenses et des textures plus raffinées. Les professionnels notent une amélioration significative de la conservation, permettant une maturation contrôlée qui développe les qualités gustatives du poisson.

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L’ikejime répond également aux exigences croissantes de traçabilité : chaque poisson peut être suivi depuis sa capture jusqu’à sa commercialisation. Cette transparence totale rassure les consommateurs et valorise le travail des pêcheurs engagés dans cette démarche qualitative.

Le processus ikejime pas à pas

La technique de l’ikejime se déroule en plusieurs étapes précises qui demandent expertise et minutie. Le processus commence par l’assommage du poisson pour éviter tout stress, suivi de l’insertion d’une aiguille dans la moelle épinière à la base du crâne. Cette première étape est cruciale pour garantir une mort instantanée et préserver la qualité de la chair.

Ensuite, le pêcheur procède au saignement en sectionnant l’artère principale sous les branchies. Cette phase permet d’éliminer le sang, responsable de l’altération rapide du poisson. L’étape finale consiste à détruire la moelle épinière sur toute la longueur de la colonne vertébrale à l’aide d’une tige métallique spéciale.

Pour une conservation optimale, le poisson est immédiatement placé dans un bain d’eau glacée avant d’être stocké à température contrôlée. Cette méthode ancestrale, combinée aux bienfaits nutritionnels reconnus du poisson, garantit une qualité exceptionnelle du produit final.

Les avantages pour la conservation et le goût

L’ikejime améliore considérablement la conservation du poisson en évitant la production d’acide lactique, responsable de l’altération rapide de la chair. Cette méthode permet d’obtenir des recettes de poisson d’une qualité exceptionnelle, avec une texture plus ferme et des saveurs plus intenses. Les bienfaits nutritionnels sont également mieux préservés grâce à cette technique de préparation minutieuse.

La maturation contrôlée, rendue possible par l’ikejime, développe des arômes complexes similaires à ceux de la viande affinée. Les poissons peuvent être conservés plus longtemps, jusqu’à deux semaines pour certaines espèces, tout en maintenant leurs qualités organoleptiques. Cette durée de conservation prolongée permet aux chefs de planifier leur approvisionnement et de proposer des produits d’exception à leur clientèle.

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Les professionnels apprécient particulièrement la possibilité de faire maturer les poissons dans des conditions optimales, que ce soit en chambre froide spécialisée ou en armoire Dry Ager. Cette maturation développe l’umami, cette cinquième saveur si recherchée dans la gastronomie japonaise et désormais prisée des grands chefs français.

L’adoption par les chefs français

L’ikejime séduit de plus en plus de chefs étoilés en France, qui y voient une opportunité d’élever leurs créations culinaires. Des restaurants prestigieux comme Le Mirazur de Mauro Colagreco ont intégré cette technique dans leur approche gastronomique. Ces chefs apprécient particulièrement la qualité exceptionnelle et la régularité des produits issus de cette méthode.

La demande croissante a encouragé le développement de formations spécialisées, permettant aux professionnels d’acquérir cette expertise. Les chefs français adaptent désormais cette technique ancestrale à leur propre vision culinaire, créant une fusion unique entre tradition japonaise et gastronomie française. Cette évolution témoigne de l’engagement constant du secteur vers l’excellence et l’innovation culinaire.

Claire Benoît
Rédigé par :

Claire Benoît

Maman de deux enfants et grande amatrice de cuisine du monde, j’ai découvert les sushis il y a quelques années, grâce à un atelier organisé près de chez moi. Depuis, j’adore en préparer avec ma famille, car c’est une activité amusante et créative qui plaît à tout le monde.

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